Né le 24 juillet 1952 à Louisville, Kentucky, Gus Van Sant connaît une enfance itinérante. Après avoir passé une maîtrise à la Rhode Island School of Design, il collabore avec le réalisateur/acteur Ken Shapiro, puis finance et réalise par ses propres moyens son premier court métrage, Alice in Hollywood. Il travaille ensuite pendant deux ans dans une agence de publicité, puis s'installe à Portland, Oregon, qui deviendra dès lors son port d'attache et servira de décor à plusieurs de ses films. En 1985, il réalise son premier long métrage, Mala noche, inédit en France mais qui remportera deux ans plus tard le Los Angeles Film Critics Award dans la catégorie du Meilleur film indépendant et expérimental. Deux ans plus tard sort Drugstore cowboy, avec Matt Dillon, le film qui révèle Van Sant internationalement, un drame autour de la drogue, qui frappa à l'époque pour son réalisme brut emprunt de poésie. Inspiré par l'œuvre du romancier William Burroughs, qui apparaît d'ailleurs dans le film, Drugstore cowboy remportera les National Society of Film Critics Award du Meilleur film, du Meilleur scénario et de la Meilleure réalisation, ainsi que le Pen Literary Award de la Meilleure adaptation et l'Independant Spirit Award du Meilleur scénario. Ouf ! Suivra, en 1991, My own private Idaho, un drame onirique et nostalgique mettant en scène Keanu Reeves et River Phoenix dans les rôles de deux amants en virée dans l'Ouest américain. Culte pour beaucoup, ce film remportera trois Independant Spirit Awards ainsi que le Prix du meilleur interprète au Festival de Venise. En 1993, Van Sant réalise Even cowgirls get the blues, d'après le roman homonyme (et culte) de Tom Robbins, épopée mystique d'une auto-stoppeuse au pouce démesuré, interprétée par Uma Thurman. Incompris par la majorité du public qui boude ce film délirant, Van Sant change son fusil d'épaule en réalisant, deux ans plus tard, une œuvre nettement plus accessible, la comédie satirique Prête à tout, avec Nicole Kidman dans la peau d'une présentatrice météo aux dents qui rayent le parquet. Le film, qui révèle accessoirement Joaquin Phoenix, remportera le Golden Globe du Meilleur film et Hollywood commence à se pencher sérieusement sur le cas Gus Van Sant. Will Hunting, son film suivant, se penchait de son côté sur le cas d'un jeune génie incompris, pris en main par un psychiatre décidé à le révéler à lui-même. Le film recevra de nombreuses nominations aux Oscars, empochant celui du Meilleur Acteur dans un second rôle (Robin Williams) ainsi que celui du Meilleur scénario, écrit par Ben Affleck et Matt Damon. Will Hunting ouvre les vannes du vrai triomphe public pour le réalisateur, dont le classicisme de la réalisation détonne néanmoins avec ses premiers films, nettement plus marqués du sceau underground gay américain. Pour son opus suivant, Psycho, il s'attache à refilmer, quasiment plan par plan, le Psychose de Hitchcock. Un exercice de style qui tourne court devant les comparaisons qu'on ne manquera pas de faire entre l'original et sa copie. Enfin, toujours dans le classicisme de bon aloi, A la rencontre de Forrester renoue avec le rapport homme mur/adolescent en mettant aux prises un vieil écrivain reclus et un jeune Black destiné à faire carrière dans le basket alors que la plume l'inspire davantage. Egalement musicien, Van Sant a enregistré des albums de folk et réalisé des vidéos pour des artistes tels que David Bowie, les Red Hot Chili Peppers, Elton John et Tracy Chapman. Il se consacre aussi à la peinture, la photo et l'écriture, et a enseigné les techniques du cinéma au Northwest Film Center. Il a en outre publié un album de photographies, "108 portraits", et un roman, "Pink", une satire du monde du cinéma. Après Gerry (encore inédit à peu près partout), un drame qui voit deux hommes s'appelant Gerry (Casey Affleck et Matt Damon, également scénaristes) échouer et survivre dans le désert à l'occasion d'une randonnée extrême qui tourne mal, Gus Van Sant ne loupe pas son retour au premier plan puisque son dernier film, Elephant, a remporté la Palme l'or au Festival de Cannes 2003. Mêlant fiction et réalité, le film se présente comme un compte à rebours contant les heures plutôt anodines dans un lycée américain avant un drame épouvantable. Une autre façon de traiter le sujet de Bowling for Columbine…
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